dimanche 21 décembre 2014

Guadeloupe : Capesterre-Belle-Eau : Sources Pérou : diagnostic archéologique préventif sur un grand gisement précolombien

sources_perou.jpgEn prévision de l'aménagement d'une ZAC sur une superficie de 20 ha un diagnostic archéologique a été prescrit par le Service Régional de l'Archéologie (SRA, DAC, Ministère de la Culture) et a été conduit du 17 mars 2014 au 14 avril 2014 par Nathalie Sellier-Ségard, archéologue à l'Inrap. Cette opération a permis de délimiter un grand gisement précolombien dont une bordure avait déjà été identifiée par des investigations archéologiques menées en 2001 en prévision des travaux de la voie de contournement de Capesterre-Belle-Eau. Ce gisement précolombien couvre une superficie de 6 ha et correspond probablement à l'implantation de villages successifs à cet emplacement (palimpseste, ou "multicomponent site" en anglais. Les poteries récoltées correspondent à la culture cédrosan-saladoïde, une période qui couvre à peu près le premier millénaire après J.-C. Les vestiges consistent en fosses et trous de poteaux, mais aussi en dépotoirs où sont préservés de grandes quantité de mobilier céramique et lithique. Deux sépultures ont été retrouvées, fait exceptionnel pour ce secteur de la Guadeloupe où les terrains acides ne permettent généralement pas la conservation des ossements. Le SRA a prescrit une fouille préventive préalable aux aménagements.

Bibliographie : SELLIER-SEGARD, Nathalie, 2014 : Rapport d’opération. Diagnostic archéologique. Guadeloupe, Capesterre-Belle-Eau, Sources Pérou. Rapport n° SRA 561. INRAP, SRA Guadeloupe.

samedi 20 décembre 2014

Guadeloupe : Saint-François : reprise de l'érosion au cimetière des Raisins Clairs

raisins-clairs.jpgSuite à la houle générée par l'ouragan Gonzalo le dimanche 12 octobre sur les plages du sud de la Grande-Terre, les agents de la commune de Saint-François signalent une très forte reprise de l'érosion sur le cimetière de la plage des Raisins Clairs, provoquant à nouveau la destruction de tombes et l'apparition d'ossements humains dans le front d'érosion. Ce cimetière composé en partie de tombes d'esclaves avait fait l'objet d'une fouille de sauvetage en janvier 2014 en raison de l'érosion récurrente qu'il subissait, phénomène très préoccupant, à la fois en raison de la perte de vestiges à valeur scientifique, mais aussi de l'atteinte à un site à valeur mémorielle, dégradation ressentie avec beaucoup d'émotion par la population guadeloupéenne. Cette fouille financée par la Région Guadeloupe et la DAC avait été conduite par Jérôme Rouquet, anthropologue à l'Inrap.

La partie concernée par cette fouille était limitée la bande littorale en voie d'érosion et avait été simplement recouverte de sable après l'opération archéologique. Cette protection très provisoire était insuffisante et la houle du mois d'octobre a dégagé ce sable et attaqué directement les tombes encore intactes en arrière de la zone fouillée.

La Commune de Saint-François, la Région et la DAC ont convenu qu'il était maintenant important de prendre les mesures permettant de stopper de façon durable ce phénomène érosif et de protéger ainsi le cimetière en place pour au moins plusieurs décennies. La DAC a sollicité l’assistance du Bureau d'Etudes Géologique et Minière (BRGM) dans le cadre d'une procédure d’assistance aux politiques publique. L’expertise du BRGM souligne la nécessité d'opter pour un procédé de stabilisation permettant de conserver non seulement le cimetière mais aussi la plage, et ne reportant pas l'érosion latéralement. Plusieurs solutions techniques plus ou moins durables sont actuellement examinées par les partenaires impliqués et seront mises en œuvre après obtention des crédits correspondants et des autorisations éventuelles. Cette équipe resserrée est complétée par la participation de la DEAL pour ce qui concerne les questions d'intervention en milieu littoral protégé. D'autres partenaires également très impliqués, en particulier le Conseil Général (Musée Edgar Clerc, Musée Schoelcher) et l'Inrap, seront aussi amenés à apporter leur contribution pour valoriser et protéger ce site. La participation de la population à la réflexion parait également incontournable et des réunions publiques d'information et de discussion sur le sujet seraient les bienvenues.

La fouille Inrap du mois de janvier : communiqué de presse et journées portes ouvertes

Sources info : DAC Guadeloupe

mardi 28 octobre 2014

Saint-Martin : fouille du site précolombien de Grand'Case Nord : journée portes ouvertes

gdCase2014.jpg Une équipe de l'Inrap dirigée par Nathalie Sellier-Ségard procède actuellement à une fouille préventive sur le site précolombien de Grand'Case nord à Saint-Martin. Ce site connu depuis 1988 (Haviser 1988) a fait récemment l'objet par l'Inrap de plusieurs opérations d'archéologie préventive (diagnostics par Thomas Romon, Nathalie Serrand et Jérôme Briand, et la fouille d'une parcelle par Clara Samuélian). Il s'agit d'un village du Néoindien récent s'étendant sur plus de 1ha, où l'on retrouve des structures d'habitats (trous de poteaux, fosses), des sépultures et surtout des niveaux dépotoirs extrêmement riches en mobilier archéologique dans un excellent état de conservation (photo) : faune vertébrée et coquillière, céramique et mobilier lithique comportant de nombreux éclats et outils en cherto-tuffite, roche locale très dure utilisée pour la fabrication de haches en pierre. Cette occupation est datée par le carbone 14 autour de 1000-1200 après J.-C. La présente opération concerne la fouille d'une parcelle de 600 m2 où sera construite une maison individuelle. L’ouverture de la fouille a aussi permis de découvrir une structure d’époque coloniale de cuisson de la chaux selon les anciens procédés traditionnels par calcination du corail dans des foyers à l'air libre. Une journée porte ouverte est organisée le jeudi 30 octobre (annonce dans la presse locale).

Bibliographie : (rapports non publiés)

  • BRIAND, Jérôme, 2014. Diagnostic archéologique : Saint-Martin, Grand-Case, Route de l’Espérance. Inrap. rapport n° SRA-557
  • HAVISER, Jay B., 1988. An Archaeological Survey of St. Martin - St. Maarten. Report n° 7 of the Institute of Archaeology and Anthropology of the Netherlands Antilles.
  • ROMON, Thomas, 2012. Diagnostic archéologique : Saint-Martin, Grand-Case, Route de Petite Plage. Inrap. rapport n° SRA-523
  • SERRAND, Nathalie, 2013. Diagnostic archéologique : Saint-Martin, Grand-Case, Rue des Flamboyants. Inrap. rapport n° SRA-548
  • STOUVENOT, Christian et HENOCQ, Christophe, 1999. Inventaire des sites archéologiques de la partie française de l’île de Saint-Martin. Guadeloupe. AAHE (Association Archéologique Hope Estate), SRA DRAC Guadeloupe. rapport n° SRA-096

samedi 25 octobre 2014

Dominique : livre : “Negre Mawon: The Fighting Maroons of Dominica” (Lennox Honychurch)

negremawon2.jpg


Lennox Honychurch historien et archéologue Dominiquais vient de publier un livre sur l'histoire du marronnage de la Dominique : “Negre Mawon: The Fighting Maroons of Dominica” (Nègre marron : les combattants marrons de la Dominique).

Cet ouvrage de 273 pages peut être acheté ici : Visit Dominica pour la modique somme de 23 dollars US

Il peut aussi être téléchargé gratuitement sur la page Academia.edu de Lennox Honychurch ici : livre au format pdf


Sur le même sujet on pourra consulter :

  • FALLOPE, Josette, 1992. Esclaves et citoyens : les noirs à la Guadeloupe au 19 siècle dans les processus de résistance et d’intégration (1802 - 1910). Basse-Terre : Société d'Histoire de la Guadeloupe. Bibliothèque d’histoire antillaise, 12. ISBN 2900339294 9782900339299.
  • Interview de Josette Fallope sur Guadeloupe Première, émission Hier et Ailleurs 21 mai 2014 : Le Camp des Kellers
  • ROCHMANN, Marie-Christine, 2000. L'esclave fugitif dans la littérature antillaise. Ed. Karthala
  • Billet de Thierry l'Etang sur le site web Potomitan : à lire ici
  • AGORSAH, Kofi (Editeur), 1994. Maroon Heritage. Archaeological ethnographic and Historical perspectives. (Proceedings of the Congress "Maroon Heritage", University of the West indies, Mona, Jamaïca, 18-19 October 1991). Canoe Press. 233 p.

NOTE : en Guadeloupe, à ce jour, aucune évidence archéologique de marronnage n'a été découverte ni signalée à l'autorité en charge de l'archéologie (contrairement à la Jamaïque par exemple), cela bien que des "camps de marrons" soient mentionnés dans divers textes ou récits anciens, mais toujours sans localisation précise de leur emplacement. Cette absence de sites connus tient probablement aussi à une absence de recherches dans les secteurs boisés de montagne où les indices au sol sont cachés par la végétation très dense et sont donc très difficiles à repérer, d'autant que le même camp pouvait être déménagé successivement dans plusieurs lieux afin de rester difficile à détecter. Plusieurs indices mériteraient toutefois être explorés notamment à Petit-Bourg, Pointe-Noire ou Sainte-Rose.

Curaçao : Colloque Connecting Continents : Archaeological perspectives on slavery, trade, and colonialism

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Colloque organisé à Curaçao du 5 au 7 novembre 2015 par la Society for American Archaeology (SAA) et par l'European Association of Archaeologists (EAA). La thématique est celle de l'archéologie de l'esclavage, du commerce et du colonialisme, dans une perspective intercontinentale.

Appel à soumissions (pdf)

dimanche 19 octobre 2014

Haïti : l'épave CV1 n'est pas celle de la Santa-Maria (Unesco) ... on s'en doutait un peu !

Carte de la côte nord d'Hispaniola attribuée à C. Colomb
(Archives de la Casa de Alba, Madrid)

hispaniola_colomb2.jpg

La mission menée par l'Unesco, le Ministère de la Culture haïtien et le Bureau National de l'Ethnologie, faisant suite à la demande de Monique Rocourt, ministre de la culture de Haïti, (voir notre billet précédant), a été effectuée du 5 au 15 septembre 2014 sous la direction de l'expert espagnol en archéologie sous-marine Xavier Nieto Prieto, ancien directeur du Centre d'Archéologie Subaquatique de Catalogne. Une note d'information peut être consultée sur le site de l'UNESCO, ici, et le rapport en français peut être téléchargé avec ce lien.

Le résultat parait sans appel : l'épave CV1 (Coque Vieille 1, du nom du récif où elle est coulée) ne peut pas être celle de la Santa-Maria, le navire amiral du premier voyage de Christophe Colomb aux Amériques, échoué au nord de l'île d'Hispaniola dans la nuit du 24 au 25 décembre 1492. Plusieurs arguments sont présentés dans le rapport d'expertise. Le plus déterminant est le fait que tous les éléments de fixation retrouvés sur l'épave sont en bronze, or ce métal n'est utilisé comme attache dans la construction navale qu'à partir de la fin du 17e siècle. Auparavant, clous et broches de fixation sont en fer ou en bois, et il en est logiquement ainsi pour la Santa-Maria. Les vestiges CV1 correspondent à l'épave d'un seul navire qui a été construit durant les 18e ou 19e siècles donc très largement après le voyage de Christophe Colomb.

Le battage médiatique généré par l'américain Barry Clifford semble donc bien clos. Mais où se trouve donc le lieu du naufrage de la Santa-Maria ? L'étude fournit quelques éléments, en particulier la vraisemblance que la Santa-Maria s'est échouée à faible distance du rivage si l'on en croit des descriptions de Christophe Colomb. Mais les pistes les plus probantes ont été avancées par deux chercheurs français : le géomorphologue Loïc Ménanteau et l'historien Jacques de Cauna, et par une équipe espagnole composée du géophysicien Alfonso Maldonado, de l’historienne Maria Luisa Cazorla et de Enrique Lechuga de Serantes (secrétaire général de la Fondation ibéro américaine pour la culture et les sciences de la mer) cette équipe ayant commencé des recherches en 1991, cependant interrompues pendant la crise politique durant le régime du général Cedras (Le Nouvelliste et Blog de Nancy Roc).

Loïc Ménanteau (qui a participé à l'expertise de l'Unesco), géomorphologue et spécialiste des environnements littoraux à l'université de Nantes a étudié le littoral du nord d'Haïti et a co-dirigé la production de l'Atlas côtier du Nord-Est d’Haïti, 1997. Cet ouvrage se propose de modéliser l'évolution historique du littoral dans ce secteur de Haïti. L'originalité de cet atlas est de se fonder à la fois sur les sources historiques, et en particulier des cartographies du 18e siècle, et sur les caractéristiques géomorphologiques et sédimentaires du littoral. Le Dr. Ménanteau penche pour un emplacement d'échouage plus près de la côte actuelle que la position de CV1, quelque part dans la Baie de Cap-Haïtien (rapport, p. 16 et 17, note 15). Il se base sur les textes du journal de bord de Colomb et sur une réévaluation à la baisse de la longueur de la lieue utilisée par Colomb.

Jacques de Cauna, historien à l'Université de Bordeaux et spécialiste de Haïti, a proposé sur son blog une hypothèse de localisation tout autre. Cette hypothèse est également celle qui est soutenue par l'équipe espagnole, à savoir que l'épave de la Santa-Maria est située à l'intérieur des terres, enfouie sous les dépôts alluviaux d'un cours d'eau local : la Grande Rivière du Nord. Cette approche se base sur plusieurs éléments : sur le récit de Colomb qui décrit un échouage à faible distance de la côte, et sur la progradation attestée de la ligne de côte dans le secteur : la Grande Rivière du Nord a formé un delta alluvial qui a gagné sur la mer d'environ 2 km depuis 1760, ce que montre d'ailleurs très bien l'Atlas de L. Menanteau. Cette sédimentation gagnant sur la mer pourrait induire que l'emplacement de l'épave a ensuite pu être recouvert d'alluvions.

Un élément déterminant est le fait que l'ancre de la Santa-Maria ait été retrouvée fortuitement au 18e siècle à 1 km du littoral, ensevelie sous deux mètres de sédiments dans les terres de l'habitation Fournier de Bellevue selon la description de Moreau de Saint-Méry en 1796 (tome 1, p. 222 et 223 de la version de 1875) (Article sur le site web Haïti Libre). Cette ancre pourrait indiquer le lieu du naufrage, à condition qu'elle n'ait pas été déplacée ensuite, par exemple par les hommes de Christophe Colomb. Elle est actuellement déposée au musée du Panthéon national haïtien.

Jacques de Cauna exprime une certaine colère (sur son site : page Chaire d'Haïti 2014) au sujet de la pertinence de la mission de l'Unesco, dénonçant le gaspillage des moyens mis en oeuvre pour cette recherche, surtout dans le but de répondre au battage médiatique orchestré par Clifford alors que des éléments scientifiques très sérieux existaient auparavant, il suffisait d'écouter et de lire les (vrais) chercheurs et de ne pas répondre, même pour la contrecarrer, à l'hystérie médiatique provoquée par l'activisme pécuniairement intéressé d'un pseudo-archéologue. La faiblesse des institutions et des réglementations haïtiennes en matière d'archéologie laisse en effet le champ libre à toutes sortes d'imposteurs ou de pilleurs de sites archéologiques. Il est à espérer que cette affaire puisse au final être salutaire en amplifiant la prise de conscience que l'on commence à percevoir, et contribue à orienter l'action des institutions politiques haïtiennes dans le sens d'un meilleur contrôle des activités archéologiques dans l'intérêt de la recherche et de l'enseignement scientifique, de la protection et de la transmission du savoir, bref dans le sens du bien commun.

La ministre de la culture de Haïti a annoncé que les chercheurs espagnols (Alfonso Maldonado, Maria Luisa Cazorla et Enrique Lechuga de Serantes) allaient poursuivre leurs recherches à l'intérieur des terres, initiées en 1992 près de la Rivière du Nord dans la zone où l'ancre de la Santa-Maria a été trouvée au 18e siècle (Le Nouvelliste). Ces recherches consisteront dans un premier temps en une analyse géomorphologique de toute la zone afin de délimiter les secteurs favorables, puis en prospections géophysiques destinées à repérer les restes de l'épave elle même. Les investigations sur le terrain devraient commencer après la fin de la saison cyclonique 2014 Blog de Nancy Roc.

Le "découvreur" débouté, Barry Clifford maintient son intérprétation et réaffirme avoir bien trouvé l'épave du Santa-Maria. Il déplore que les experts de l'Unesco n'aient jamais communiqué avec lui (Huffington Post). Sa caution scientifique, le professeur Beeker est tout à coup beaucoup plus prudent et n'a que discrètement souligné ce qu'il désigne comme des faiblesses du rapport de la commission Unesco (The Independant).

Et n'oublions pas qu'un fragment de l'épave de la Santa-Maria se trouve peut-être en ... Guadeloupe. En effet C. Colomb, qui touche la Guadeloupe lors du 2e voyage en 1493, relate dans une lettre intitulée "Relation du deuxième voyage, La Isabella, janvier-février 1494", réédité, p. 10, la découverte dans un village Caraïbe situé sur la côte de l'île de la Basse-Terre d'un morceau de l'étambot (la pièce de fixation du gouvernail) "d'une nef d'Espagne", qui ne peut être que la Santa-Maria ... à moins qu'il ne s'agisse d'un fragment flottant d'épave ayant traversé l'Atlantique. Ce fait extraordinaire et étonnant impliquerait, s'il était exact, que cette pièce a été apportée par les amérindiens jusqu'en Guadeloupe à 1200 km de distance de Hispaniola, probablement suite à un pillage, une offrande ou un échange entre les Taïnos de l'île d'Hispaniola (ou les Espagnols ?) et les Kalinagos ou "Caraïbes" des Petites Antilles.

A suivre donc, la recherche continue ...

Bibliographie :

  • Nieto Prieto X. Villegas T., Demesvar K. Denis M., 2014. Rapport et évaluation sur la base du rapport préliminaire de la mission effectuée sur le Cap-Haïtien par les experts de l'Unesco, du Ministère de la Culture et du Bureau National de l'Ethnologie. UNESCO pdf sur le site de l'Unesco
  • Ménanteau L. & Vanney J.-R. (coord. scient.), 1997. Atlas côtier du Nord-Est d’Haïti. Environnement et patrimoine culturel de la région de Fort-Liberté. Port-au-Prince/Nantes. Ed. Projet "Route 2004". Ministère de la Culture (Haïti)/PNUD, iv+62 pp. peut être acheté à : Geolittomer-Diffusion
  • Moreau de Saint-Méry (1796). Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’isle Saint-Domingue, reédité 1875 Tome 1 Tome 2
  • Colomb 1494 (ré-edition 2002), "Relation du deuxième voyage, La Isabella, janvier-février 1494" textes retrouvés en 1985. Dans : Christophe Colomb, La découvert de l'Amérique. Tome II. Relations de voyage et autres écrits 1494-1505. Editions La Découverte 2002
  • Fonds Jacques de Cauna (Photographies des vestiges d'habitations de Haïti, forts, reproductions de cartes anciennes, plans, etc ...)

dimanche 28 septembre 2014

Antigua : le projet de mega-resort "Singulari" : inquiétudes au sujet de la gestion de l'impact archéologique

Singulari Un gigantesque projet touristique de 647 hectares (le plus grand des Antilles) vient d'être conclu entre la firme chinoise Yida qui va y investir 1 milliard de dollars et le gouvernement d'Antigua via l'agence immobilière Luxury Locations. Les terrains, en liquidation judiciaire, étaient la propriété de Allen Stanford, magnat financier surnommé le "petit Madoff" condamné par la justice américaine à 110 ans de prison pour escroquerie. Le complexe immobilier comprendra des résidences hôtelières de luxe, des résidences privées, un hôpital, une école, un hippodrome, un terrain de golf, le plus grand casino de toutes les Antilles et deux marinas. Il devrait (bien sûr !) créer de nombreux emplois : 1000 "jobs" sont promis par l'investisseur. Quelques voix à Antigua ont timidement posé la question de l'impact d'un tel projet sur le milieu naturel.

source vignette : Luxury Locations Magazine

Le terrain est situé au nord de l'île d'Antigua, sur la péninsule de Crump, zone en grande partie couverte de broussailles et encore vierge de tout aménagement. Il comprend aussi les deux îles de Guiana et Crump. Le secteur est connu depuis les années 70 pour sa richesse en sites précolombiens de l'époque précéramique (dans les deux millénaires avant J.-C.), et en particulier sur la péninsule de Crabbs (ou de Parham) où le site de South Pier est localisé juste à côté du projet (Davis 1982). Une carte de l'archéologue Davis indique aussi la présence d'un site précéramique dans l'emprise du projet immobilier. Cette abondance de sites est probablement liée à la proximité de l'île de Long Island où un silex de très bonne qualité a été exploité par les populations précolombiennes et a été diffusé dans toutes les Petites Antilles. Des zones humides littorales, avec de possibles vestiges organiques conservés, sont aussi concernées par le projet et en particulier celle du nord de la péninsule de Crump où une marina devrait être implantée. Le Dr Reginald Murphy, directeur des Ressources Patrimoniales des Parcs Nationaux d'Antigua, a fait part dans le journal Daily Observer de sa grande inquiétude et de la nécessité de procéder à une évaluation archéologique préliminaire, en particulier sur l'île de Guaina où est connu un grand site précolombien de la culture saladoïde (premier millénaire après J.-C.). Le potentiel archéologique du secteur est donc très important et surtout si l'on tient compte que des sites enfouis ont pu échapper à tout repérage dans cette zone difficile à prospecter.

Peut on espérer que ce projet fera l'objet d'interventions archéologiques préventives à la hauteur des enjeux scientifiques et patrimoniaux ? Peut être, si l'on en croit la déclaration de l'agence Luxury Locations sur le site du journal Antigua Chronicle : " Yida (l'investisseur chinois) a une solide réputation à l'échelle internationale pour la responsabilité environnementale, sociale et sociétale. Nous avons vraiment aimé leur éthique et leur engagement à apporter une contribution positive ici à Antigua ". On peut cependant en douter compte tenu de la faiblesse de la réglementation en matière de protection du patrimoine historique et archéologique de cette petite nation et du manque de moyens humains locaux dans ces disciplines, comme cela est analysé par le Dr. Reginald Murphy dans le chapitre consacré à Antigua-Barbuda du livre "Protecting Heritage in the Caribbean" (2011).

sources :

  • Davis 1982 : DAVIS, Dave, 1982. Archaic settlement and resource exploitation in the Lesser Antilles: Preliminary information from Antigua. In : Caribbean Journal of Science. 1982. Vol. 17, n° 1-4, p. 107‑122.
  • Murphy 2011 : MURPHY, Reg : "Antigua and Barbuda" in : SIEGEL, Peter E., RIGHTER, Elizabeth (Ed.) 2011. Protecting Heritage in the Caribbean : University Alabama Press. p. 73-79.

localisation du projet dans Google Maps

dimanche 14 septembre 2014

Guadeloupe, Martinique : Journées du Patrimoine 2014

JEP_2014.jpgLe week-end des 20-21 septembre voici arrivé comme chaque année le grand rendez-vous populaire des Journées du Patrimoine organisées par le Ministère de la Culture et notamment les directions (régionales) des affaires culturelles. Avis aux amateurs : visites de sites historiques, d'architecture, industriels ou de recherche scientifique, musées, expositions, conférences, contes, jardins, randonnées de découverte, déambulations urbaines ... tout ça le plus souvent gratuit : c'est la fête ! Le thème de cette année c'est : « Patrimoine culturel, patrimoine naturel », ca c'est l'officiel, en réalité chacun fait comme il veut, thème ou pas thème, l'essentiel étant de participer, comme à la fête de la musique. Donc lâchez vous et allez y "pour le plaisir des yeux", pour la connaissance et aussi pour des rencontres bien sympathiques ...

Parmi les très nombreuses animations (voir programmes en pdf), quelques unes présentent le travail, les méthodes des archéologues et les résultats des dernières recherches archéologiques sur nos îles :

Guadeloupe :

  • Grotte ornée précolombienne du Morne Rita (Capesterre-de-Marie-Galante), site ONF : visite commentée par Christian Stouvenot, DAC Guadeloupe
  • Le village amérindien de Tourlourous (Capesterre-de-Marie-Galante) : conférence sur les fouilles préventives de 2013 par Nathalie Serrand (Inrap), animation organisée par la mairie de Capesterre
  • Musée Edgar Clerc (Le Moule) : visite des expositions et ateliers (poterie, fouille) (équipe du musée, Conseil Général)
  • Parc archéologique des roches gravées (Trois-Rivières) : visites, ateliers de potier et taille de la pierre (équipe du musée, Conseil Général, et Inrap)

Martinique :

  • Centre de Conservation et d'Etudes du Service de l'archéologie de la DAC Martinique (Fort-de-France) : visite commentée par Thierry Dorival (DAC Martinique)
  • Musée départemental d'Archéologie (Fort-de-France): visite commentée par l'équipe du musée (Conseil Général)

Les programmes :

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