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lundi 30 mars 2015

Guadeloupe : Capesterre-Belle-Eau : plage de Roseau : fouille d'un site amérindien tardif

jarre_huile.JPG, mars 2015 Du 16 février au 14 avril une équipe de l'Inrap dirigée par Martijn Van den Bel fouille une partie du site amérindien de Roseau à Capesterre-Belle-Eau. Ce site a été découvert en 1990 par Gérard Richard, archéologue à la Région Guadeloupe, qui y a réalisé des sondages en 2001 et 2002, mettant en évidence un vaste site à occupations multiples qui résulte de l'implantation de plusieurs villages successifs depuis environ 1000 après J.-C. jusqu'à la période du contact avec les européens (fichier pdf).

col de "jarre à olives" espagnole trouvé sur le site
(cliché C. Stouvenot. SRA Guadeloupe)

Le projet de réalisation d'un parking par la commune de Capesterre-Belle-Eau a justifié la mise en place d'une fouille archéologique préventive après que des vestiges amérindiens aient été identifiés lors de sondages préliminaires (C. Stouvenot, SRA Guadeloupe) et caractérisés par un diagnostic archéologique (N. Serrand, Inrap). Les découvertes révèlent un site d’habitat tardif avec une occupation débutant au début du néoindien récent (vers 1100 ap. JC) et se terminant vers le début du XVIIe siècle. Certains éléments retrouvés dans les niveaux archéologiques montrent clairement l'existence de contacts avec les européens : présence de fragments de jarres à olives de production espagnole, perles en verre, ossements de grands mammifères quadrupèdes comme un os de mulet. La céramique amérindienne est de type "Cayo" c'est à dire très tardive comme celle du site de Cayo situé à Saint-Vincent (Boomert 1986). Ces populations sont donc celles qui ont vécu le contact avec les européens et en particulier les espagnols : il s'agit probablement des peuples Kalinagos ou "Caraïbes insulaires" que Christophe Colomb trouva en Guadeloupe lors de son passage durant le deuxième voyage en 1493. Il pourrait même s'agir du village décrit par Christophe Colomb bien que les textes laissés par ses coéquipiers ne permettent pas de localiser précisément le point d'accostage de C. Colomb en Guadeloupe (certains auteurs contestent la localisation de Sainte-Marie).

La présence de très grandes fosses et d'un long fossé sont également des caractéristiques intrigantes de ce site qu'il conviendra d'élucider.

En dépit de plus de 150 années de coexistence des européens et des amérindiens dans l'aire antillaise, ces sites de "contact" bien représentés dans les Grandes Antilles restent encore très rares dans les Petites Antilles où l'on connaît entre autres le site de Cayo précédemment cité et le site d'Argyle également à Saint-Vincent fouillé en 2009 et 2010 (Hofman, Hoogland 2012)

La fouille se poursuit encore quelques jours et une journée portes ouvertes est organisée par l'Inrap ce mercredi 1er avril 2015 : annonce sur le site web de l'Inrap

Références bibliographiques :

BOOMERT, Arie, 1986. The Cayo Complex of St. Vincent : Ethnohistorical and Archaeological Aspects of the Island Carib Problem. In : Antropológica. 1986. Vol. 66, p. 3‑68. 526-183, 526-V

RICHARD Gérard, 2004. Document Final de synthèse. Site de l’arrière plage de Roseau. Commune de Capesterre-Belle-Eau. Sainte Marie. Guadeloupe. Sondages 2001-2002. rapport n° SRA 262. Service Archéologique du Conseil Régional de la Guadeloupe.

RICHARD Gérard, 2005. Le site archéologique de la Plage de Roseau à Capesterre Belle Eau, révélateur d’une occupation caraïbe insulaire en Guadeloupe - The Archaeological Site of Roseau’s Seaside at Capesterre Belle Eau. Revealer of Insular Carib’s Occupation in Guadeloupe. In : Actes du XXe Congrès International d’Archéologie de la Caraïbe : Santo Domingo, 2003. p. 15‑22. fichier pdf

HOFMAN Corinne et HOOGLAND Menno, 2012. Caribbean encounters: rescue excavations at the early colonial Island Carib site of Argyle, St. Vincent. In : The End Of Our Fifth Decade. Faculty of the Leiden University. Leiden p. 63‑76. ISBN 9789081810913 (fichier pdf)

LE LAY Alice, 2013. Étude du mobilier céramique du site de l'arrière-plage de Roseau. Vers une caractérisation culturelle de l'occupation post-Saladoïde en Basse-Terre de Guadeloupe (1000-1500 apr. J.-C.). Mémoire de Master 2. Université Paris I. Paris Panthéon Sorbonne. téléchargeable sur academia.edu

STOUVENOT Christian, 2013. Compte rendu de sondages archéologiques. Projet d’aménagement de la plage de Roseau. Capesterre-Belle-Eau. Rapport d’opération archéologique n° SRA 551. DAC Guadeloupe, Service régional de l’archéologie.

SERRAND Nathalie, CASAGRANDE Fabrice, JORDA Christophe, TOMADINI Noémie, 2014. Guadeloupe, Capesterre-Belle-Eau, Sainte-Marie. Plage de Roseau. Rapport de diagnostic archéologique. Inrap.

Informations : SRA Guadeloupe et Inrap

samedi 31 janvier 2015

Martinique : Sainte-Anne : Fouilles à l'Anse Trabaud (Université de Leiden)

L'université de Leiden poursuit ses fouilles archéologiques à l'Anse Trabaud, dont la première campagne a eu lieu en 2012. Ce site amérindien tardif (troumassoïde et suazoïde, 850-1450 après J.-C) est caractérisé par sa situation près du littoral et une grande variabilité de la morphologie et sédimentologie côtière au cours du temps, avec un enfouissement des vestiges pouvant dépasser deux mètres de profondeur. Le milieu humide a favorisé la préservation du mobilier ligneux et plusieurs objets en bois comme une calebasse ont été retrouvés. Les deux campagnes de fouilles (2012 et 2015) ont été dirigées par Corinne Hofman et Meno Hoogland. La campagne 2015 s'intègre dans le programme Nexus 1492 financé par l'European Research Council. Outre les études classiques de mobilier céramique et lithique, et l’approche géomorphologique du site, les études se focaliseront aussi sur les ressources alimentaires animales (faune vertébrée) et végétales (microrestes végétaux).

La page de l'Université de Leiden

La page du projet Nexus 1492

Guadeloupe : Goyave : fouille d'un habitat précolombien et d'un moulin de sucrerie à Sainte-Claire (2)

Ingenieurs_Roi_Goyave.png L'Inrap a mis en ligne une page sur la fouille réalisée en octobre-novembre 2014 sur le site de Sainte-Claire à Goyave (Guadeloupe) et qui a avait fait l'objet d'un premier billet sur ZemiBlog à l'occasion des journées portes ouvertes organisées sur ce chantier. Une vidéo de 7 minutes permet de suivre la présentation du site commentée par Martijn Van den Bel, responsable de l'opération, Nicolas Biwer, responsable du secteur de fouille de la sucrerie et Gérard Lafleur, historien à la Société d'Histoire de la Guadeloupe.



La page ZemiBlog (1) sur ce sujet (22 décembre 2014)

La page Inrap relatant cette fouille préventive

Le lien vers la vidéo Inrap

mardi 23 décembre 2014

Guadeloupe : Capesterre-de-Marie-Galante : Grotte du Morne Rita

gravure_Morne-Rita.jpg relevé sur modèle numérique 3D (Julien Monney et Pascal Mora)

Une opération de fouille archéologique et de relevés est menée dans cette grotte ornée depuis 2011 avec l'Association Archéologies et sous la direction de Pierrick Fouéré (Inrap et CNRS UMR 5608 TRACES). La campagne 2014 vise à terminer les relevés des quelques 135 gravures rupestres répertoriées dans la cavité et dont une vingtaine ont été découvertes au cours de cette opération. Ces relevés sont effectués par Julien Monney, doctorant en préhistoire à l'Université Paris 10, en se basant sur un modèle numérique 3D produit par photogrammétrie par Pascal Mora du laboratoire Archéovision de l'Université de Bordeaux. Durant ces trois années l'exploration de cette cavité aura fourni des résultats totalement inattendus : considérée comme occupée au Néoindien ancien et récent en raison de la présence de mobilier céramique rattaché à ces cultures, les sondages ont également révélé des couches plus anciennes d'âge précéramique et en particulier des sépultures dont l'une a été datée vers 2500 avant J.-C. Cette dernière datation confère à la Grotte du Morne Rita le statut de plus ancienne occupation précolombienne actuellement connue en Guadeloupe. L'équipe envisage une publication monographique de ce site après une ultime intervention en 2015 visant à dater directement les pigments noirs présents sur l'une des représentations rupestres.

Documentation, par l'équipe menant cette recherche :

FOUÉRÉ, Pierrick, BAILON, Salvador, BONNISSENT, Dominique, CHANCEREL, Antoine, COURTAUD, Patrice, DEGUILLOUX, Marie-France, GROUARD, Sandrine, LENOBLE, Arnaud, MONNEY, Julien, MORA, Pascal, PINÇON, Kevin, QUEFFELEC, Alain, SERRAND, Nathalie et TOMADINI, Noémie :

2014. Capesterre-de-Marie-Galante. Grotte du Morne Rita. In : Bilan scientifique de la région Guadeloupe, de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin. Service Régional de l'Archéologie de Guadeloupe 2011-2012-2013. p. 34‑37 (2011), p. 82-83 (2012), p. 144‑145 (2013).

2014. La Grotte du Morne Rita (Commune de Capesterre de Marie-Galante, Guadeloupe). Rapport de sondages archéologiques et relevé d’art pariétal, 2013. Rapport n° SRA 578. SRA Guadeloupe. Association Archéologies.

lundi 22 décembre 2014

Guadeloupe : Goyave : fouille d'un habitat précolombien et d'un moulin de sucrerie à Sainte-Claire

Une fouille archéologique s'est déroulée du 7 octobre au 28 novembre 2014 sur le site de la future station d'épuration de la commune de Goyave, quartier Sainte-Claire. Cette opération prescrite par le Service Régional de l'Archéologie de Guadeloupe, après un diagnostic conduit en 2013 par Jérôme Briand (Inrap), a été réalisée par une équipe de l'Inrap sous la direction de Martijn Van den Bel, secondé par Nicolas Biwer pour la période coloniale. Les deux périodes précolombiennes et coloniales sont représentées sur le site.

Step-goyave_fosse.jpg Les vestiges précolombiens sont ceux d'un village occupant le sommet d'un éperon dominant la plaine littorale et la Petite Rivière-à-Goyave. Plus de 300 fosses et trous de poteaux ont été fouillés. Certains trous de poteaux atteignent plus de 1m80 de profondeur, indice de très grandes constructions. Le mobilier céramique extrait permet une attribution au Néoindien récent (Age Céramique récent), datation qui pourra être affinée après étude complète de la céramique et datations au radiocarbone. Il s'agit du premier habitat précolombien fouillé sur la commune de Goyave.

cliché : Inrap


moulin-ste-claire.jpg Les vestiges coloniaux se répartissent dans trois secteurs : sur l'éperon, avec de grands bâtiments sur poteaux et une structure curieuse, probablement l'assise d'un mat portant une cloche, sur la pente avec le canal alimentant le moulin à eau situé au pied du talus de l'éperon. Ce moulin constitue la découverte la plus remarquable de cette opération : le bâtiment comprend en effet la talvane, espace où était logée la roue hydraulique, ainsi qu'un important dispositif charpenté constitué de grosses poutres en bois (exceptionnellement conservées) et servant probablement à maintenir solidement le mécanisme entraînant les rolles du moulin. Ces vestiges remarquables (il s'agit de la première fouille d'un moulin à eau en Guadeloupe) appartiennent à l'habitation-sucrerie Lagrange mentionnée sur les cartes anciennes et dans les archives du XVIIIe siècle.

cliché : Inrap

Documentation :

dimanche 21 décembre 2014

Guadeloupe : Capesterre-Belle-Eau : Sources Pérou : diagnostic archéologique préventif sur un grand gisement précolombien

sources_perou.jpgEn prévision de l'aménagement d'une ZAC sur une superficie de 20 ha un diagnostic archéologique a été prescrit par le Service Régional de l'Archéologie (SRA, DAC, Ministère de la Culture) et a été conduit du 17 mars 2014 au 14 avril 2014 par Nathalie Sellier-Ségard, archéologue à l'Inrap. Cette opération a permis de délimiter un grand gisement précolombien dont une bordure avait déjà été identifiée par des investigations archéologiques menées en 2001 en prévision des travaux de la voie de contournement de Capesterre-Belle-Eau. Ce gisement précolombien couvre une superficie de 6 ha et correspond probablement à l'implantation de villages successifs à cet emplacement (palimpseste, ou "multicomponent site" en anglais. Les poteries récoltées correspondent à la culture cédrosan-saladoïde, une période qui couvre à peu près le premier millénaire après J.-C. Les vestiges consistent en fosses et trous de poteaux, mais aussi en dépotoirs où sont préservés de grandes quantité de mobilier céramique et lithique. Deux sépultures ont été retrouvées, fait exceptionnel pour ce secteur de la Guadeloupe où les terrains acides ne permettent généralement pas la conservation des ossements. Le SRA a prescrit une fouille préventive préalable aux aménagements.

Bibliographie : SELLIER-SEGARD, Nathalie, 2014 : Rapport d’opération. Diagnostic archéologique. Guadeloupe, Capesterre-Belle-Eau, Sources Pérou. Rapport n° SRA 561. INRAP, SRA Guadeloupe.

mardi 28 octobre 2014

Saint-Martin : fouille du site précolombien de Grand'Case Nord : journée portes ouvertes

gdCase2014.jpg Une équipe de l'Inrap dirigée par Nathalie Sellier-Ségard procède actuellement à une fouille préventive sur le site précolombien de Grand'Case nord à Saint-Martin. Ce site connu depuis 1988 (Haviser 1988) a fait récemment l'objet par l'Inrap de plusieurs opérations d'archéologie préventive (diagnostics par Thomas Romon, Nathalie Serrand et Jérôme Briand, et la fouille d'une parcelle par Clara Samuélian). Il s'agit d'un village du Néoindien récent s'étendant sur plus de 1ha, où l'on retrouve des structures d'habitats (trous de poteaux, fosses), des sépultures et surtout des niveaux dépotoirs extrêmement riches en mobilier archéologique dans un excellent état de conservation (photo) : faune vertébrée et coquillière, céramique et mobilier lithique comportant de nombreux éclats et outils en cherto-tuffite, roche locale très dure utilisée pour la fabrication de haches en pierre. Cette occupation est datée par le carbone 14 autour de 1000-1200 après J.-C. La présente opération concerne la fouille d'une parcelle de 600 m2 où sera construite une maison individuelle. L’ouverture de la fouille a aussi permis de découvrir une structure d’époque coloniale de cuisson de la chaux selon les anciens procédés traditionnels par calcination du corail dans des foyers à l'air libre. Une journée porte ouverte est organisée le jeudi 30 octobre (annonce dans la presse locale).

Bibliographie : (rapports non publiés)

  • BRIAND, Jérôme, 2014. Diagnostic archéologique : Saint-Martin, Grand-Case, Route de l’Espérance. Inrap. rapport n° SRA-557
  • HAVISER, Jay B., 1988. An Archaeological Survey of St. Martin - St. Maarten. Report n° 7 of the Institute of Archaeology and Anthropology of the Netherlands Antilles.
  • ROMON, Thomas, 2012. Diagnostic archéologique : Saint-Martin, Grand-Case, Route de Petite Plage. Inrap. rapport n° SRA-523
  • SERRAND, Nathalie, 2013. Diagnostic archéologique : Saint-Martin, Grand-Case, Rue des Flamboyants. Inrap. rapport n° SRA-548
  • STOUVENOT, Christian et HENOCQ, Christophe, 1999. Inventaire des sites archéologiques de la partie française de l’île de Saint-Martin. Guadeloupe. AAHE (Association Archéologique Hope Estate), SRA DRAC Guadeloupe. rapport n° SRA-096

mardi 2 septembre 2014

Guadeloupe, Trois-Rivières : diagnostic archéologique Inrap sur le site de Petit Carbet

Derussy.jpg Un diagnostic archéologique a été réalisé du 22 au 25 juillet 2014 par Clara Samuélian de l'INRAP près du site des roches gravées précolombiennes de Derussy-Petit Carbet, l'un de plus remarquable de Guadeloupe, signalé dès 1916 et étudié successivement par Alain Gilbert en 1990, Monique Ruig en 2001 puis Julien Monney en 2007-2008. Cette opération a été réalisée en amont d'un petit projet d'aménagement sur un secteur déjà sondé en 1994 (Delpuech et al.). Le diagnostic de 2014 a confirmé la présence d'une occupation d'âge saladoïde comportant une couche à tessons de céramique, quelques trous de poteaux ainsi qu'une structure circulaire empierrée interprétée comme le fond d'une fosse de combustion ou de cuisson. Un fossé colonial a livré quelques tessons de poterie et un fourneau de pipe en écume blanche portant un décor moulé, éléments attestant d'une présence historique probablement liée aux habitations sucreries des environs.

dimanche 31 août 2014

Haïti : mégaprojet touristique à l'Ile-à-Vache : colère des habitants, et menaces sur le patrimoine archéologique

Ile_Vache_small-Alexrk2-Wik.Common.png L'île-à-Vache est une petite île de 15 km de long GoogleMaps située au sud-ouest de Haïti. Peuplée de 14 000 habitants vivant d'agriculture, de pêche et d'élevage, l'île se partage entre des zones naturelles sauvages, des champs et jardins entretenus à la main ou labourés à l'aide de boeufs, et de très belles plages. Une petite activité touristique s'y est développée, avec deux hôtels assez modestes et quelques bungalows. Cette tranquillité est actuellement menacée par un grand projet touristique "Destination touristique Ile-à-Vache" promu par le Ministère du tourisme haïtien. Ce projet qui se veut "écotouristique" couvrira la totalité de l'île et comprendra 1200 chambres, 2500 villas, un aéroport international, un héliport, une marina, un port, un golf "écologique", des commerces, restaurants, centres de loisirs, clubs et boites de nuits, des cliniques (dont une de soins esthétiques), une "réorientation" de l'agriculture locale, un lycée, un hôpital et des écoles d'hôtellerie, plus un réseau routier pour relier le tout ... et aussi ... un "musée archéologique" retraçant l'histoire de la piraterie, car l'île est connue pour avoir au 17e siècle servi de repère au flibustier Henri Morgan dont deux de ses navires l'Oxford et le Jamaica Merchant ont coulé dans les environs. Quelques commencements de travaux ont déjà été entrepris sans information préalable des habitants : voiries, décapage de la zone de l'aéroport, dragage de la marina. Une partie de la population et en particulier l'association KOPI (Konbit Peyizan Ilavach), dont le vice président a été jeté en prison, s'est fortement mobilisée contre ce projet qui a été initié en excluant les île-à-vachois des décisions et sans leur consentement. La réprobation s'étend actuellement bien au-delà des frontières de Haïti.

Cacoq.jpg L'île est aussi connue dès les années 30 pour ses très nombreux sites archéologiques précolombiens (Rouse 1982, Moore 1982). Son nom taïno "Iabaque" a probablement été ensuite déformé pour donner "île-à-vache". L'occupation de l'île commence à la période précéramique : on retrouve des amas coquilliers dont certains comme Cacoq 2 mesurent plus de 3 m de haut et sont datés jusqu'à 2250 avant J.-C. (Moore 1982, Beauvoir-Dominique 2005). Les explorations et en particulier celles de Olsen en 1933, ont également permis de retrouver de nombreux objets remarquables en pierre décrits dans l'article de Irving Rouse (1982). Des sites néoindiens, livrant de la céramique, dont un en grotte sont également connus. Le potentiel archéologique de cette île peut être qualifié d'exceptionnel et l'on peut fortement redouter qu'il n'en soit aucunement tenu compte lors des travaux de ce gigantesque projet touristique (Labossière-Thomas, 2014) . Dans cette affaire les grands perdants risquent d'être la population vivant sur place, le milieu naturel et le patrimoine archéologique.

Le projet "Destination touristique Ile-à-Vache" sur le site du ministère du tourisme haïtien

Article de Dady Chery dans Haïti Chery

Article de Marie-Thérèse Labossière-Thomas dans Pikliz.com : Ile-à-Vache : Pirates d’hier et d’aujourd’hui.

Article dans AlterPresse Réseau alternatif haïtien d'information

BEAUVOIR-DOMINIQUE, Rachel, 2005. UNESCO - Puerto Real : défis nationaux et internationaux de l’archéologie haïtienne. Série du patrimoine mondial n°14 : Archéologie de la Caraïbe et Convention du patrimoine mondial (anglais, français, espagnol). p. 179-184. Series UNESCO.

MOORE, Clark, 1982. Investigations of Préceramic Sites on Ile à Vache, Haïti. The Florida Anthropologist. Vol. 35. N° 4. 1982. pp. 186-199. University of Florida Digital Collections

ROUSE, Irving, 1982. The Olsen Collection from Ile à Vache, Haiti. "Florida Anthropologist", Vol. 35, No. 4,1982, pp. 169-185. University of Florida Digital Collections

crédits images :

lundi 5 novembre 2012

Fouille préventive du site précolombien de Pointe du Canonnier à Saint-Martin

pointe_canonnier_small.png Le 7 novembre 2012 : journées portes ouvertes du chantier archéologique de la Pointe du Canonnier (opération conduite par Dominique Bonnissent) Dépliant INRAP . Cette fouille préventive réalisée à l’emplacement d'un projet de construction permet d'approfondir la connaissance d'un village néoindien qui avait fait l'objet de sondages en 2002. Un décapage extensif de plus de 2000 m2 a mis en évidence un spectaculaire "tapis" de vestiges archéologiques où l'on retrouve pêle-mêle des rejets de mobilier usagé (poteries et objets en pierre) et des restes de faune consommée (coquillages, ossements). Cet épandage correspond au dépotoir qui ceinture le village. Le site a été occupé durant la période néoindienne récente, et plus précisément pendant le Mamoran-troumassoïde de style Mill Reef. Il a été daté au radiocarbone vers 660-960 après J.-C.

Cliché D. Bonnissent INRAP

jeudi 9 avril 2009

La Désirade : occupations précolombiennes tardives. Campagne de sondages et prospections 2009

A la Désirade, et en particulier sur le plateau de la Montagne, sont connues plusieurs occupations précolombiennes tardives (1300-1500 après J.-C). Les sites du Morne Cybèle et de Morne Souffleur ont fait l'objet de sondages (C. Hofman et M. de Waal). Des prospections et sondages, en particulier sur le site de Javotte, vont être réalisés en avril 2009 par l'équipe de Jean Gagnepain (Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon). Cette opération vient en remplacement des sondages programmés à Petite-Terre annulés à la dernière minute pour des raisons de difficulté logistique.

samedi 7 mars 2009

Fouille du site de Caille à Bélasse (Petite-Terre) 2009

Iguane Petite-Terre Une deuxième campagne de fouille de ce site troumassoïde (1200 ap. J.C.) se déroulera au mois d'avril sous la direction de Jean Gagnepain, directeur du Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon. La première campagne a montré que le site correspond à une sorte de campement occasionnel spécialisé dans la récolte de ressources marines : lambis, burgeaux, poissons et tortues. Contacter le Service régional de l'archéologie (0590 41 14 45) pour plus d'information.

Dernière minute : Pour des raisons de difficulté logistique, la campagne à Petite Terre ne peut être réalisée. En remplacement, une campagne de sondages à la Désirade a été mise en place (voir billet du 9 avril)

jeudi 5 mars 2009

Diagnostic archéologique 26 Bd de Grand'Case à Saint-Martin

Un diagnostic préalable à la construction d'un bâtiment a été conduit par Nathalie Serrand (INRAP) du 27 février au 3 mars 2009. Localisé sur le cordon sableux littoral, cet emplacement était favorable à des implantations humaines aussi bien coloniales que précolombiennes, comme le site néoindien du Stade, localisé à proximité. L'opération n'a pas révélé de vestiges archéologiques conséquents, mais a permis de faire quelques observations géomorphologiques importantes pour la compréhension de ce secteur.

vendredi 16 janvier 2009

Diagnostic Eoliennes du Souffleur à la Désirade

Opération préventive (INRAP) sur l'emplacement du projet "Renforcement des éoliennes du Souffleur" (Aerowatt)

Sondage éoliennes 2009
Le diagnostic archéologique est dirigé par Clara Samuelian du 8 au 15 janvier 2009. L'opération, limitée à des sondages manuels et des prospections, a permis de vérifier que l'emplacement du projet ne contenait que quelques vestiges mobiliers (poterie précolombienne, coquillage) non structurés. Le site voisin du Souffleur (céramique de type Morne Cybèle) a été à nouveau repéré.