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samedi 31 janvier 2015

Trinidad : le site de Banwari Trace est il menacé par le projet d'autoroute Debe/Mon Desir ?

Highway_Trinidad.jpgLe gouvernement de Trinidad et Tobago mène actuellement un important programme de renforcement de son réseau autoroutier. La 4 voie qui suit la côte ouest de l’île jusqu'à la ville de San Fernando, la "Sir Solomon Hochoy Highway" doit être prolongée jusqu'à la ville de Point Fortin, à 47 km au sud-ouest. Les travaux sont pilotés par la société nationale NIDCO. Ce projet, et en particulier l'un de ses segments (Debe à Mon Desir), est très vivement controversé. Certains opposants, regroupés dans l'organisation Highway Re-Route Movement (HRM) dirigée par le Dr Wayne Kublalsingh, mettent en avant l'impact problématique du projet sur le milieu naturel, l'impact social (le projet nécessitera plusieurs centaines d'expropriations) et le risque de destruction de sites archéologiques et en particulier le site précéramique ancien de Banwari Trace. Ils demandent l'adoption d'un tracé alternatif (Re-Route). Une expertise indépendante dirigée par le Dr. James Armstrong en 2013 souligne le caractère déficient du projet en matière d'évaluation environnementale et sociale. En ce qui concerne le site de Banwari Trace, le Dr Carson Charles, président de la NIDCO affirme quant à lui que le projet routier évite le site archéologique, ce qui semble être le cas, le tracé paraissant distant de 200 m du site aux dires de plusieurs intervenants (mais nos recherches n'ont pas permis de trouver des données très précises à ce sujet).

Le potentiel archéologique exceptionnel de la région a été reconnu dès 1969 suite à la découverte du site précéramique de Banwari Trace dont la première occupation a été datée autour de 5000 avant J.-C. à la suite des fouilles de Peter Harris. Ce site est actuellement considéré comme le plus ancien des Antilles et il a livré une sépulture (Banwari Man). Il se localise, comme l'autre site précéramique de St John fouillé par Irving Rouse en 1953, sur la rive sud de l'ancien Grand Lagon d'Oropouche qui s’avançait de plus de 13 km à l'intérieur des terres. Le site de Banwari Trace reflète à travers ses vestiges fauniques les transformations paléoécologiques de ce lagon : ainsi les couches les plus anciennes montrent une exploitation de mollusques d'eau douce tandis que les plus récentes (après un abandon du site, puis à partir de 4200 avant J.-C.) s'enrichissent en mollusques marins caractéristiques d'un milieu de mangrove. Cette évolution accompagne l'incursion marine consécutive à la remontée post-glaciaire du niveau de la mer. La configuration actuelle des bordures du marais d'Oropouche permet de supposer que de nombreux autres sites existent probablement sur ses rives et peuvent être enfouis dans les sédiments qui ont comblé le lagon. En outre il convient de souligner le potentiel considérable de toute la région en termes d'études des données paléoenvironnementales, potentiel renforcé par la possibilité d'une mise en relation avec les premiers peuplements humains des Antilles.

Il apparaît donc, comme le fait remarquer Dennis Ramdahin, expert de l'UNESCO mandaté pour évaluer l'état du site de Banwari Trace, que c'est sur l'ensemble du tracé que se pose le problème archéologique, et non uniquement sur le site de Banwari Trace qui apparaît comme symbolique des risques de destruction. Les opérations d'archéologie préventive avec les méthodes extensives qui seraient nécessaires ne semblent pas envisagées. Il est très probable que nombre de vestiges archéologiques méconnus et dignes d'être étudiés seront détruits par les travaux sur l'ensemble du tracé San Fernando - Point Fortin si aucune investigation systématique préalable n'est entreprise, déficience qui semble malheureusement être généralisée à Trinidad et Tobago, nation particulièrement démunie en matière d'archéologie préventive (Reid et Lewis, 2011).

Aux dernières nouvelles le sort du tracé Debe/Mon Desir n'est toujours pas fixé, et le Dr Wayne Kublalsingh du Highway Re-Route Movement (HRM) poursuit toujours, depuis maintenant plus de 100 jours, une grève de la faim pour protester contre le projet et alerter l'opinion.

  • ARMSTRONG James, 2013. Report of the Independent Review Committee of the Debe to Mon Desir Segment of the San Fernando to Point Fortin Highway. 265 p. : L'expertise du Dr James Armstrong téléchargeable (pdf)
  • Le site de Banwari Trace et le tracé autoroutier sur WikiMapia
  • HARRIS Peter O'Brian 1973. Preliminary Report on Banwari Trace, a Preceramic Site in Trinidad. Proceedings of the 4th Congress for the Study of the Pre-Columbian Cultures of the Lesser Antilles, St. Lucia 1971: 115-125. download pdf
  • REID Basil A., LEWIS Vel 2011. Trinidad and Tobago, pp. 125-133. In : SIEGEL Peter E., RIGHTER Elisabeth : Protecting Heritage in the Caribbean. University Alabama Press. 2011

samedi 20 décembre 2014

Guadeloupe : Saint-François : reprise de l'érosion au cimetière des Raisins Clairs

raisins-clairs.jpgSuite à la houle générée par l'ouragan Gonzalo le dimanche 12 octobre sur les plages du sud de la Grande-Terre, les agents de la commune de Saint-François signalent une très forte reprise de l'érosion sur le cimetière de la plage des Raisins Clairs, provoquant à nouveau la destruction de tombes et l'apparition d'ossements humains dans le front d'érosion. Ce cimetière composé en partie de tombes d'esclaves avait fait l'objet d'une fouille de sauvetage en janvier 2014 en raison de l'érosion récurrente qu'il subissait, phénomène très préoccupant, à la fois en raison de la perte de vestiges à valeur scientifique, mais aussi de l'atteinte à un site à valeur mémorielle, dégradation ressentie avec beaucoup d'émotion par la population guadeloupéenne. Cette fouille financée par la Région Guadeloupe et la DAC avait été conduite par Jérôme Rouquet, anthropologue à l'Inrap.

La partie concernée par cette fouille était limitée la bande littorale en voie d'érosion et avait été simplement recouverte de sable après l'opération archéologique. Cette protection très provisoire était insuffisante et la houle du mois d'octobre a dégagé ce sable et attaqué directement les tombes encore intactes en arrière de la zone fouillée.

La Commune de Saint-François, la Région et la DAC ont convenu qu'il était maintenant important de prendre les mesures permettant de stopper de façon durable ce phénomène érosif et de protéger ainsi le cimetière en place pour au moins plusieurs décennies. La DAC a sollicité l’assistance du Bureau d'Etudes Géologique et Minière (BRGM) dans le cadre d'une procédure d’assistance aux politiques publique. L’expertise du BRGM souligne la nécessité d'opter pour un procédé de stabilisation permettant de conserver non seulement le cimetière mais aussi la plage, et ne reportant pas l'érosion latéralement. Plusieurs solutions techniques plus ou moins durables sont actuellement examinées par les partenaires impliqués et seront mises en œuvre après obtention des crédits correspondants et des autorisations éventuelles. Cette équipe resserrée est complétée par la participation de la DEAL pour ce qui concerne les questions d'intervention en milieu littoral protégé. D'autres partenaires également très impliqués, en particulier le Conseil Général (Musée Edgar Clerc, Musée Schoelcher) et l'Inrap, seront aussi amenés à apporter leur contribution pour valoriser et protéger ce site. La participation de la population à la réflexion parait également incontournable et des réunions publiques d'information et de discussion sur le sujet seraient les bienvenues.

La fouille Inrap du mois de janvier : communiqué de presse et journées portes ouvertes

Sources info : DAC Guadeloupe

dimanche 28 septembre 2014

Antigua : le projet de mega-resort "Singulari" : inquiétudes au sujet de la gestion de l'impact archéologique

Singulari Un gigantesque projet touristique de 647 hectares (le plus grand des Antilles) vient d'être conclu entre la firme chinoise Yida qui va y investir 1 milliard de dollars et le gouvernement d'Antigua via l'agence immobilière Luxury Locations. Les terrains, en liquidation judiciaire, étaient la propriété de Allen Stanford, magnat financier surnommé le "petit Madoff" condamné par la justice américaine à 110 ans de prison pour escroquerie. Le complexe immobilier comprendra des résidences hôtelières de luxe, des résidences privées, un hôpital, une école, un hippodrome, un terrain de golf, le plus grand casino de toutes les Antilles et deux marinas. Il devrait (bien sûr !) créer de nombreux emplois : 1000 "jobs" sont promis par l'investisseur. Quelques voix à Antigua ont timidement posé la question de l'impact d'un tel projet sur le milieu naturel.

source vignette : Luxury Locations Magazine

Le terrain est situé au nord de l'île d'Antigua, sur la péninsule de Crump, zone en grande partie couverte de broussailles et encore vierge de tout aménagement. Il comprend aussi les deux îles de Guiana et Crump. Le secteur est connu depuis les années 70 pour sa richesse en sites précolombiens de l'époque précéramique (dans les deux millénaires avant J.-C.), et en particulier sur la péninsule de Crabbs (ou de Parham) où le site de South Pier est localisé juste à côté du projet (Davis 1982). Une carte de l'archéologue Davis indique aussi la présence d'un site précéramique dans l'emprise du projet immobilier. Cette abondance de sites est probablement liée à la proximité de l'île de Long Island où un silex de très bonne qualité a été exploité par les populations précolombiennes et a été diffusé dans toutes les Petites Antilles. Des zones humides littorales, avec de possibles vestiges organiques conservés, sont aussi concernées par le projet et en particulier celle du nord de la péninsule de Crump où une marina devrait être implantée. Le Dr Reginald Murphy, directeur des Ressources Patrimoniales des Parcs Nationaux d'Antigua, a fait part dans le journal Daily Observer de sa grande inquiétude et de la nécessité de procéder à une évaluation archéologique préliminaire, en particulier sur l'île de Guaina où est connu un grand site précolombien de la culture saladoïde (premier millénaire après J.-C.). Le potentiel archéologique du secteur est donc très important et surtout si l'on tient compte que des sites enfouis ont pu échapper à tout repérage dans cette zone difficile à prospecter.

Peut on espérer que ce projet fera l'objet d'interventions archéologiques préventives à la hauteur des enjeux scientifiques et patrimoniaux ? Peut être, si l'on en croit la déclaration de l'agence Luxury Locations sur le site du journal Antigua Chronicle : " Yida (l'investisseur chinois) a une solide réputation à l'échelle internationale pour la responsabilité environnementale, sociale et sociétale. Nous avons vraiment aimé leur éthique et leur engagement à apporter une contribution positive ici à Antigua ". On peut cependant en douter compte tenu de la faiblesse de la réglementation en matière de protection du patrimoine historique et archéologique de cette petite nation et du manque de moyens humains locaux dans ces disciplines, comme cela est analysé par le Dr. Reginald Murphy dans le chapitre consacré à Antigua-Barbuda du livre "Protecting Heritage in the Caribbean" (2011).

sources :

  • Davis 1982 : DAVIS, Dave, 1982. Archaic settlement and resource exploitation in the Lesser Antilles: Preliminary information from Antigua. In : Caribbean Journal of Science. 1982. Vol. 17, n° 1-4, p. 107‑122.
  • Murphy 2011 : MURPHY, Reg : "Antigua and Barbuda" in : SIEGEL, Peter E., RIGHTER, Elizabeth (Ed.) 2011. Protecting Heritage in the Caribbean : University Alabama Press. p. 73-79.

localisation du projet dans Google Maps

dimanche 31 août 2014

Haïti : mégaprojet touristique à l'Ile-à-Vache : colère des habitants, et menaces sur le patrimoine archéologique

Ile_Vache_small-Alexrk2-Wik.Common.png L'île-à-Vache est une petite île de 15 km de long GoogleMaps située au sud-ouest de Haïti. Peuplée de 14 000 habitants vivant d'agriculture, de pêche et d'élevage, l'île se partage entre des zones naturelles sauvages, des champs et jardins entretenus à la main ou labourés à l'aide de boeufs, et de très belles plages. Une petite activité touristique s'y est développée, avec deux hôtels assez modestes et quelques bungalows. Cette tranquillité est actuellement menacée par un grand projet touristique "Destination touristique Ile-à-Vache" promu par le Ministère du tourisme haïtien. Ce projet qui se veut "écotouristique" couvrira la totalité de l'île et comprendra 1200 chambres, 2500 villas, un aéroport international, un héliport, une marina, un port, un golf "écologique", des commerces, restaurants, centres de loisirs, clubs et boites de nuits, des cliniques (dont une de soins esthétiques), une "réorientation" de l'agriculture locale, un lycée, un hôpital et des écoles d'hôtellerie, plus un réseau routier pour relier le tout ... et aussi ... un "musée archéologique" retraçant l'histoire de la piraterie, car l'île est connue pour avoir au 17e siècle servi de repère au flibustier Henri Morgan dont deux de ses navires l'Oxford et le Jamaica Merchant ont coulé dans les environs. Quelques commencements de travaux ont déjà été entrepris sans information préalable des habitants : voiries, décapage de la zone de l'aéroport, dragage de la marina. Une partie de la population et en particulier l'association KOPI (Konbit Peyizan Ilavach), dont le vice président a été jeté en prison, s'est fortement mobilisée contre ce projet qui a été initié en excluant les île-à-vachois des décisions et sans leur consentement. La réprobation s'étend actuellement bien au-delà des frontières de Haïti.

Cacoq.jpg L'île est aussi connue dès les années 30 pour ses très nombreux sites archéologiques précolombiens (Rouse 1982, Moore 1982). Son nom taïno "Iabaque" a probablement été ensuite déformé pour donner "île-à-vache". L'occupation de l'île commence à la période précéramique : on retrouve des amas coquilliers dont certains comme Cacoq 2 mesurent plus de 3 m de haut et sont datés jusqu'à 2250 avant J.-C. (Moore 1982, Beauvoir-Dominique 2005). Les explorations et en particulier celles de Olsen en 1933, ont également permis de retrouver de nombreux objets remarquables en pierre décrits dans l'article de Irving Rouse (1982). Des sites néoindiens, livrant de la céramique, dont un en grotte sont également connus. Le potentiel archéologique de cette île peut être qualifié d'exceptionnel et l'on peut fortement redouter qu'il n'en soit aucunement tenu compte lors des travaux de ce gigantesque projet touristique (Labossière-Thomas, 2014) . Dans cette affaire les grands perdants risquent d'être la population vivant sur place, le milieu naturel et le patrimoine archéologique.

Le projet "Destination touristique Ile-à-Vache" sur le site du ministère du tourisme haïtien

Article de Dady Chery dans Haïti Chery

Article de Marie-Thérèse Labossière-Thomas dans Pikliz.com : Ile-à-Vache : Pirates d’hier et d’aujourd’hui.

Article dans AlterPresse Réseau alternatif haïtien d'information

BEAUVOIR-DOMINIQUE, Rachel, 2005. UNESCO - Puerto Real : défis nationaux et internationaux de l’archéologie haïtienne. Série du patrimoine mondial n°14 : Archéologie de la Caraïbe et Convention du patrimoine mondial (anglais, français, espagnol). p. 179-184. Series UNESCO.

MOORE, Clark, 1982. Investigations of Préceramic Sites on Ile à Vache, Haïti. The Florida Anthropologist. Vol. 35. N° 4. 1982. pp. 186-199. University of Florida Digital Collections

ROUSE, Irving, 1982. The Olsen Collection from Ile à Vache, Haiti. "Florida Anthropologist", Vol. 35, No. 4,1982, pp. 169-185. University of Florida Digital Collections

crédits images :

samedi 9 août 2014

France : un fouilleur clandestin condamné à 197 235 euros d’amende pour pillage archéologique

clando_petit.jpg La condamnation d'un viticulteur de la Marne à une amende conséquente et à une peine de prison de 6 mois avec sursis vient rappeler que les fouilles archéologiques non autorisées sont des activités interdites par la loi. Comme le précise une plaquette (pdf) éditée par le ministère de la culture, le patrimoine archéologique est un bien commun fragile et non renouvelable. Son étude par les chercheurs permet de reconstruire l'histoire de l'humanité, les informations étant ensuite mises à disposition du public. Toute activité non autorisée n'a pour but que l'appropriation d'objets au profit d'intérêts personnels. Elle abouti, en raison de l'absence de méthode scientifique et de publication de résultats, à la perte irrémédiable de l'information archéologique pour l'ensemble de la population. L'association Halte au Pillage du Patrimoine Archéologique et Historique HAPAH agréée par le Ministère de la Culture et de la Communication estime à 500 000 le nombre d'objets pillés chaque année en France.

Les pilleurs opèrent le plus souvent après détection des objets métalliques à l'aide de détecteurs de métaux. L'utilisation de ces outils dont sont équipés la plupart des pilleurs archéologiques est réglementée par l'article L542-1 du Code du Patrimoine :

Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

La pratique de fouilles non autorisées est un délit, en conséquence la détention des objets qui en proviennent constitue juridiquement un recel, activité pouvant être punie jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende (article 321-1 du Code Pénal : Legifrance)

Articles sur cette affaire judiciaire :

lundi 21 juillet 2014

ICOM : Liste rouge des objets archéologiques et oeuvres d'art en danger

redlist-logo.jpgLe Conseil International des Musées ICOM soutient la lutte contre le trafic illicite des biens culturels. Cet organisme édite les Listes Rouges d’Urgence conçues pour aider les douaniers, policiers et professionnels du patrimoine à identifier les catégories d’objets culturels qui sont les plus soumises au trafic illicite. Deux pays des Antilles sont concernés : Haïti et la République Dominicaine. L'UNESCO et l'ICOM appellent les acheteurs et les autorités à une vigilance accrue car on assiste de plus à l'apparition récente de sites web frauduleux qui proposent la vente de faux certificats ou de faux "Laissez-passer ICOM-UNESCO".

Source : ICOM : lutte contre le trafic illicite

A lire sur le sujet : Le pillage du patrimoine archéologique de Didier Fontannaz et Laurent Flutsch, aux Editions Favre

dimanche 2 juin 2013

Destruction d'une pyramique Maya au Bélize

La plus grande pyramide du site maya de Nohmul au Bélize, près de la frontière avec le Mexique a été presque entièrement détruite pour l'extraction de matériaux dans le cadre de la construction d'une route. Une enquête policière est en cours. L'émotion des archéologues américanistes est très grande car bien que des problèmes sur les sites archéologiques sont assez courants en Amérique Centrale, cette destruction concernant l'un des sites majeurs du Bélize est l'une des plus dramatique intervenue à ce jour. Article sur le Huffington Post Article sur le site de RFI

mercredi 24 avril 2013

Vente polemique de la collection d'art précolombien Barbier-Mueller chez Sotheby's France

venus callipyge Chupicuaro Les 21 et 22 mars Sotheby’s Paris organisait une vente d’art précolombien (collections du musée de Barcelone de l'amateur d'art Jean-Paul Barbier). Malgré les plaintes du Pérou et du Mexique qui réclamaient la restitution des pièces, la vente a rapporté 10,3 millions d’euros (source : Art Media Agency). Il s'agit de l'une des plus importantes ventes d'art précolombien réalisée à ce jour. Le Vénézuela s'est également ému de la vente de pièces des cultures Trujillo et Timotocuica sorties illégalement du pays dans les années 1920. Sotheby's France se défend de toute irrégularité en se reposant sur une convention de l'Unesco datant de 1970 que la France a ratifiée en 1997 et qui n'est pas rétroactive, ce qui légalise de fait toute transaction antérieure, en dépit des lois souveraines des pays concernés. On ne peut que s’inquiéter de la progression du marché de l'art dit "primitif" qui encourage le pillage archéologique dans des pays souvent déshérités ou politiquement déstabilisés et où cette ressource génère les trafics et la criminalité qui y est associée.

A lire : Le pillage du patrimoine archéologique de Didier Fontannaz et Laurent Flutsch, aux Editions Favre (Le pillage et le trafic des vestiges archéologiques à l’échelle mondiale n’a jamais été aussi préoccupant. Alimentant un marché de l’art que les lois internationales peinent à contrôler, ce fléau s’avère aussi destructeur, sinon plus, que les razzias coloniales des siècles passés. Des acteurs du trafic aux responsabilités des musées et des collectionneurs occidentaux, L. Flutsch et D. Fontannaz mettent en lumière les rouages et les scandales récents d’un commerce qui saccage irrémédiablement l’héritage culturel mondial)

liens web :

cliché : photo Sotheby's : Venus callipyge de la culture Chipucuaro (Mexique), vendue 2 millions d'euros

vendredi 3 décembre 2010

La Jamaïque s'inquiète de la fuite incontrôlée de son patrimoine archéologique

Logo du Jamaica Observer Interviews de Dorrick Grey, chef du directeur technique pour l'archéologie au Jamaica National Heritage Trust (JNHT) , organisme en charge du patrimoine en Jamaïque, et de Ivor Conolley président de la Archaeological Society of Jamaica

Le JNHT a constaté que de nombreux objets archéologiques de valeur sont transportés hors du pays. Il n'y a aucune loi permettant d'empêcher ces actions, la Jamaïque n'ayant pas signé la "convention sur l'interdiction du commerce illicite d'antiquités" édictée par l'UNESCO en 1972. De nombreuses collections privées existent sans que leur inventaire n'ai jamais pu être entrepris. Un gros travail d'éducation reste à faire car de nombreuses personnes n'ont encore aucune idée de la valeur patrimoniale et scientifique des vestiges archéologiques et vont parfois jusqu'à jeter des objets trouvés à l'occasion de travaux.

Lire l'article : Jamaïca Observer, 22 novembre 2010, Rhoma Tomlinson