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lundi 22 décembre 2014

Guadeloupe : Goyave : fouille d'un habitat précolombien et d'un moulin de sucrerie à Sainte-Claire

Une fouille archéologique s'est déroulée du 7 octobre au 28 novembre 2014 sur le site de la future station d'épuration de la commune de Goyave, quartier Sainte-Claire. Cette opération prescrite par le Service Régional de l'Archéologie de Guadeloupe, après un diagnostic conduit en 2013 par Jérôme Briand (Inrap), a été réalisée par une équipe de l'Inrap sous la direction de Martijn Van den Bel, secondé par Nicolas Biwer pour la période coloniale. Les deux périodes précolombiennes et coloniales sont représentées sur le site.

Step-goyave_fosse.jpg Les vestiges précolombiens sont ceux d'un village occupant le sommet d'un éperon dominant la plaine littorale et la Petite Rivière-à-Goyave. Plus de 300 fosses et trous de poteaux ont été fouillés. Certains trous de poteaux atteignent plus de 1m80 de profondeur, indice de très grandes constructions. Le mobilier céramique extrait permet une attribution au Néoindien récent (Age Céramique récent), datation qui pourra être affinée après étude complète de la céramique et datations au radiocarbone. Il s'agit du premier habitat précolombien fouillé sur la commune de Goyave.

cliché : Inrap


moulin-ste-claire.jpg Les vestiges coloniaux se répartissent dans trois secteurs : sur l'éperon, avec de grands bâtiments sur poteaux et une structure curieuse, probablement l'assise d'un mat portant une cloche, sur la pente avec le canal alimentant le moulin à eau situé au pied du talus de l'éperon. Ce moulin constitue la découverte la plus remarquable de cette opération : le bâtiment comprend en effet la talvane, espace où était logée la roue hydraulique, ainsi qu'un important dispositif charpenté constitué de grosses poutres en bois (exceptionnellement conservées) et servant probablement à maintenir solidement le mécanisme entraînant les rolles du moulin. Ces vestiges remarquables (il s'agit de la première fouille d'un moulin à eau en Guadeloupe) appartiennent à l'habitation-sucrerie Lagrange mentionnée sur les cartes anciennes et dans les archives du XVIIIe siècle.

cliché : Inrap

Documentation :

dimanche 21 décembre 2014

Guadeloupe : Capesterre-Belle-Eau : Sources Pérou : diagnostic archéologique préventif sur un grand gisement précolombien

sources_perou.jpgEn prévision de l'aménagement d'une ZAC sur une superficie de 20 ha un diagnostic archéologique a été prescrit par le Service Régional de l'Archéologie (SRA, DAC, Ministère de la Culture) et a été conduit du 17 mars 2014 au 14 avril 2014 par Nathalie Sellier-Ségard, archéologue à l'Inrap. Cette opération a permis de délimiter un grand gisement précolombien dont une bordure avait déjà été identifiée par des investigations archéologiques menées en 2001 en prévision des travaux de la voie de contournement de Capesterre-Belle-Eau. Ce gisement précolombien couvre une superficie de 6 ha et correspond probablement à l'implantation de villages successifs à cet emplacement (palimpseste, ou "multicomponent site" en anglais. Les poteries récoltées correspondent à la culture cédrosan-saladoïde, une période qui couvre à peu près le premier millénaire après J.-C. Les vestiges consistent en fosses et trous de poteaux, mais aussi en dépotoirs où sont préservés de grandes quantité de mobilier céramique et lithique. Deux sépultures ont été retrouvées, fait exceptionnel pour ce secteur de la Guadeloupe où les terrains acides ne permettent généralement pas la conservation des ossements. Le SRA a prescrit une fouille préventive préalable aux aménagements.

Bibliographie : SELLIER-SEGARD, Nathalie, 2014 : Rapport d’opération. Diagnostic archéologique. Guadeloupe, Capesterre-Belle-Eau, Sources Pérou. Rapport n° SRA 561. INRAP, SRA Guadeloupe.

mardi 28 octobre 2014

Saint-Martin : fouille du site précolombien de Grand'Case Nord : journée portes ouvertes

gdCase2014.jpg Une équipe de l'Inrap dirigée par Nathalie Sellier-Ségard procède actuellement à une fouille préventive sur le site précolombien de Grand'Case nord à Saint-Martin. Ce site connu depuis 1988 (Haviser 1988) a fait récemment l'objet par l'Inrap de plusieurs opérations d'archéologie préventive (diagnostics par Thomas Romon, Nathalie Serrand et Jérôme Briand, et la fouille d'une parcelle par Clara Samuélian). Il s'agit d'un village du Néoindien récent s'étendant sur plus de 1ha, où l'on retrouve des structures d'habitats (trous de poteaux, fosses), des sépultures et surtout des niveaux dépotoirs extrêmement riches en mobilier archéologique dans un excellent état de conservation (photo) : faune vertébrée et coquillière, céramique et mobilier lithique comportant de nombreux éclats et outils en cherto-tuffite, roche locale très dure utilisée pour la fabrication de haches en pierre. Cette occupation est datée par le carbone 14 autour de 1000-1200 après J.-C. La présente opération concerne la fouille d'une parcelle de 600 m2 où sera construite une maison individuelle. L’ouverture de la fouille a aussi permis de découvrir une structure d’époque coloniale de cuisson de la chaux selon les anciens procédés traditionnels par calcination du corail dans des foyers à l'air libre. Une journée porte ouverte est organisée le jeudi 30 octobre (annonce dans la presse locale).

Bibliographie : (rapports non publiés)

  • BRIAND, Jérôme, 2014. Diagnostic archéologique : Saint-Martin, Grand-Case, Route de l’Espérance. Inrap. rapport n° SRA-557
  • HAVISER, Jay B., 1988. An Archaeological Survey of St. Martin - St. Maarten. Report n° 7 of the Institute of Archaeology and Anthropology of the Netherlands Antilles.
  • ROMON, Thomas, 2012. Diagnostic archéologique : Saint-Martin, Grand-Case, Route de Petite Plage. Inrap. rapport n° SRA-523
  • SERRAND, Nathalie, 2013. Diagnostic archéologique : Saint-Martin, Grand-Case, Rue des Flamboyants. Inrap. rapport n° SRA-548
  • STOUVENOT, Christian et HENOCQ, Christophe, 1999. Inventaire des sites archéologiques de la partie française de l’île de Saint-Martin. Guadeloupe. AAHE (Association Archéologique Hope Estate), SRA DRAC Guadeloupe. rapport n° SRA-096

dimanche 31 août 2014

Haïti : mégaprojet touristique à l'Ile-à-Vache : colère des habitants, et menaces sur le patrimoine archéologique

Ile_Vache_small-Alexrk2-Wik.Common.png L'île-à-Vache est une petite île de 15 km de long GoogleMaps située au sud-ouest de Haïti. Peuplée de 14 000 habitants vivant d'agriculture, de pêche et d'élevage, l'île se partage entre des zones naturelles sauvages, des champs et jardins entretenus à la main ou labourés à l'aide de boeufs, et de très belles plages. Une petite activité touristique s'y est développée, avec deux hôtels assez modestes et quelques bungalows. Cette tranquillité est actuellement menacée par un grand projet touristique "Destination touristique Ile-à-Vache" promu par le Ministère du tourisme haïtien. Ce projet qui se veut "écotouristique" couvrira la totalité de l'île et comprendra 1200 chambres, 2500 villas, un aéroport international, un héliport, une marina, un port, un golf "écologique", des commerces, restaurants, centres de loisirs, clubs et boites de nuits, des cliniques (dont une de soins esthétiques), une "réorientation" de l'agriculture locale, un lycée, un hôpital et des écoles d'hôtellerie, plus un réseau routier pour relier le tout ... et aussi ... un "musée archéologique" retraçant l'histoire de la piraterie, car l'île est connue pour avoir au 17e siècle servi de repère au flibustier Henri Morgan dont deux de ses navires l'Oxford et le Jamaica Merchant ont coulé dans les environs. Quelques commencements de travaux ont déjà été entrepris sans information préalable des habitants : voiries, décapage de la zone de l'aéroport, dragage de la marina. Une partie de la population et en particulier l'association KOPI (Konbit Peyizan Ilavach), dont le vice président a été jeté en prison, s'est fortement mobilisée contre ce projet qui a été initié en excluant les île-à-vachois des décisions et sans leur consentement. La réprobation s'étend actuellement bien au-delà des frontières de Haïti.

Cacoq.jpg L'île est aussi connue dès les années 30 pour ses très nombreux sites archéologiques précolombiens (Rouse 1982, Moore 1982). Son nom taïno "Iabaque" a probablement été ensuite déformé pour donner "île-à-vache". L'occupation de l'île commence à la période précéramique : on retrouve des amas coquilliers dont certains comme Cacoq 2 mesurent plus de 3 m de haut et sont datés jusqu'à 2250 avant J.-C. (Moore 1982, Beauvoir-Dominique 2005). Les explorations et en particulier celles de Olsen en 1933, ont également permis de retrouver de nombreux objets remarquables en pierre décrits dans l'article de Irving Rouse (1982). Des sites néoindiens, livrant de la céramique, dont un en grotte sont également connus. Le potentiel archéologique de cette île peut être qualifié d'exceptionnel et l'on peut fortement redouter qu'il n'en soit aucunement tenu compte lors des travaux de ce gigantesque projet touristique (Labossière-Thomas, 2014) . Dans cette affaire les grands perdants risquent d'être la population vivant sur place, le milieu naturel et le patrimoine archéologique.

Le projet "Destination touristique Ile-à-Vache" sur le site du ministère du tourisme haïtien

Article de Dady Chery dans Haïti Chery

Article de Marie-Thérèse Labossière-Thomas dans Pikliz.com : Ile-à-Vache : Pirates d’hier et d’aujourd’hui.

Article dans AlterPresse Réseau alternatif haïtien d'information

BEAUVOIR-DOMINIQUE, Rachel, 2005. UNESCO - Puerto Real : défis nationaux et internationaux de l’archéologie haïtienne. Série du patrimoine mondial n°14 : Archéologie de la Caraïbe et Convention du patrimoine mondial (anglais, français, espagnol). p. 179-184. Series UNESCO.

MOORE, Clark, 1982. Investigations of Préceramic Sites on Ile à Vache, Haïti. The Florida Anthropologist. Vol. 35. N° 4. 1982. pp. 186-199. University of Florida Digital Collections

ROUSE, Irving, 1982. The Olsen Collection from Ile à Vache, Haiti. "Florida Anthropologist", Vol. 35, No. 4,1982, pp. 169-185. University of Florida Digital Collections

crédits images :

jeudi 10 juillet 2014

Guyane : Revue Karapa : parution du numéro 3

Karapa 3

le n° 3 de la Revue KARAPA ou "Revue d’anthropologie des sociétés amérindiennes anciennes, d’histoire et d’archéologie coloniale du bassin amazonien et du plateau des Guyanes" a été édité en juin 2014. Le fichier pdf peut être téléchargé sur un dépôt Dropbox ou sur Academia.edu


Ce numéro comprend 4 articles :

  • La caractérisation techno-stylistique de la céramique de tradition Arauquinoïde en Guyane: Une approche ethnoarchéologique de la céramique amérindienne - Claude Coutet
  • Ossements et perles en coquillage des sépultures précolombiennes de Yalimapo (Awala-Yalimapo) - Claude Coutet, Thomas Romon et Nathalie Serrand
  • Archéologie et géologie : Gisement, caractérisation du matériel lithique et chaîne opératoire - Hervé Théveniaut, Gérald Migeon
  • Le Choc Microbien dans les Guyanes - Nadir Boudehri, Philippe Esterre et Gérald Migeon

samedi 11 mai 2013

Parution du DAF 107 : "Les gisements précolombiens de la Baie Orientale" - Ile de Saint-Martin

DAF baie orientale Publication monographique de cette fouille préventive conduite en 2000 par Dominique Bonnissent (Inrap) qui a concerné deux sites. Le premier, d'age mésoindien (800 avant J.-C. - 100 après J.-C.) est caractérisé par des aires d'activité préservées de façon exceptionnelle (aires de décoquillage et de cuisson de mollusques, de fabrication de lames de haches, dépôts d'objets, ...). Le deuxième est un campement néoindien récent (740-960 après J.-C.), site spécialisé dans la collecte de coquillage et la fabrication d'outils lithiques, et site satellite du village de la Pointe du Canonnier situé à l'autre extrémité de l’île. Cette publication de 345 pages peut être commandée aux Editions de la Maison des Sciences de l'Homme

mercredi 29 juillet 2009

The Online Museum of Precolumbian Jade

The online museum of precolumbian jade
Le site de McGuinessPublishing sur le jade et les pierres polies : la section sur les objets antillais est très peu développée
The Online Museum of Precolumbian Jade