Tobago : découverte de l'épave d'un navire hollandais coulé par les français lors de la bataille de Tobago en 1677

bataille_scarborough_Tobago.jpg Vue du navire français "Le Glorieux" tirant au canon sur les navires hollandais (Wikimedia Commons)

Une équipe de l'Université du Connecticut et de l'Institute of Nautical Archaeology dirigée par le Dr Kroum Batchvarov a identifié les restes de ce qui paraît être le "Huis te Kruiningen", le plus grand navire néerlandais impliqué dans la bataille franco-néerlandaise de Rockley Bay à Scarborough le 3 mars 1677.

Cette bataille s'engage suite à une tentative des français de reprendre Tobago à la Compagnie Néerlandaise des Indes Occidentales qui s'était emparée de l’île et de la ville de Cayenne en 1676. Une escadre de 14 navires français affronte 15 bateaux hollandais. Cet évènement demeure l'une des plus grandes batailles navales livrée hors d'Europe au XVIIe siècle. Environ 2000 personnes, dont 250 femmes et enfants néerlandais, et 300 esclaves africains y ont perdu la vie. Malgré de lourdes pertes hollandaises, les français échouent à se rendre maîtres des lieux et ne reprendront Tobago qu'en décembre 1677.

Après la découverte d'un canon français en bronze en 1990, une première expertise est conduite en 1991 par l'antenne Martinique du GRAN (Groupe de recherches en archéologie navale). Des explorations sous-marines plus approfondies et des recherches en archive sont menées depuis 2012 par l'équipe de Kroum Batchvarov de l'INA. La dernière campagne en mai et juin 2014 permet d'identifier une épave (TRB-5) par cartographie des anomalies magnétiques. Ses caractéristiques paraissent correspondre au navire néerlandais "Huis te Kruiningen". Les vestiges se présentent sous la forme d'un tumulus de ballast et de briques de 45 m de long comportant au moins 7 grands canons, des dizaines de fragments de pipes et de nombreuses poteries remarquablement bien conservées dont une cruche de Westerwald richement décorée. L'équipe enregistre l'ensemble du site en 3D à l'aide de techniques photogrammétriques. Les objets découverts resteront la propriété de l'Etat de Trinidad et Tobago et une exposition présentant les résultats est envisagée au Musée Fort King George de Scarborough.